Vous avez dit “Carême”?

Carême

IMG_caremeLe Mercredi des Cendres nous entrons dans la période que les chrétiens appellent le Carême. Cette période dure jusqu’au Samedi Saint qui précède la fête de Pâques. Ceci correspond à 40 jours (plus les dimanches) qui nous rappellent les 40 jours de jeûne de Moïse avant qu’il ne reçoive les Tables de la Loi, ou encore les 40 jours passés au désert par le Christ après son baptême et avant qu’il ne commence vraiment sa vie publique. Le Carême s’appelait d’ailleurs à une époque la Sainte Quarantaine et le mot « Carême » est en fait dérivé du latin « quadragesima » qui se traduit par « quarantième ».

La pratique du Carême remonte au IVème siècle, vers l’an 360 environ. Elle a été instituée lors du Concile de Laodicée. Rappelons au passage que ce concile, qui se tenait dans cette petite ville située près de l’actuelle Denizli en Turquie, a proclamé par ailleurs un certains nombres de «Canons », certains d’entre eux pouvant paraitre un peu désuets de nos jours, voire même passablement saugrenus, comme par exemple le Canon 36 qui défendait aux prêtres d’être des magiciens, des astrologues ou des mathématiciens, ou bien encore le Canon 53, assez savoureux, qui interdisait aux chrétiens de danser aux noces auxquelles ils assistaient !

Mais au-delà de l’anecdote, l’institution de ce temps de quarantaine a été fondamentale. Car ce temps est vraiment devenu au fil des années une période d’attente de la Fête de Pâques. Un temps où nous sommes invités à vivre en nous recentrant sur le Christ, en renforçant notre vie spirituelle et en essayant de nous extraire du tumulte et du brouhaha qui entoure notre vie soi-disant « moderne ». En quelque sorte, un temps pour retrouver notre sérénité.

Le Carême est-il un temps de « pénitence » pris au sens de « punition » ? Certainement pas ! Il faut prendre ici le mot « pénitence » dans son vrai sens d’une préparation à la fête de Pâques par la prière, le don et le jeûne, afin de créer un environnement de réflexion et de méditation sur les valeurs essentielles de notre condition humaine. C’est le temps où nous revenons aux choses importantes. Dans ce contexte, jeûner ne veut pas dire qu’il faille, au sens commun du terme, se priver totalement de nourriture : jeûner consiste à se priver de certaines choses qui encombrent notre vie afin de focaliser notre énergie sur d’autres choses bien plus importantes comme la Parole du Christ. Prenez un exemple tout à fait simple : êtes-vous prêts à vous priver d’internet et de télévision pendant 40 jours ? Hum… pas sûr… mais si vous le pouvez, essayez ! Vous constaterez que votre perception du monde va grandement changer, que votre rythme intérieur va s’apaiser et que, par là-même, en faisant plus d’espace dans votre vie, vous aurez plus de temps pour méditer et reprendre des forces intérieures.

Le Carême c’est finalement un temps où nous devons nous souvenir que nous sommes tous mortels, en attente de résurrection. Mais… cela nous effraie tous un peu, et il y a de quoi ! Alors nous essayons de l’oublier lors des derniers jours qui précèdent le Mercredi des Cendres  en nous enivrant de tout, en chantant et en dansant jusqu’au Mardi Gras, comme pour profiter des derniers moments de « liberté » qui nous restent ! Discutable…. car la liberté n’est pas toujours là où nous pensons la trouver et faire la fête n’effacera pas la marche inéluctable du temps.

Alors, en Carême entre Cendres et Pâques, essayons de nous parler à nous-mêmes, de voir clair en nos vies, en tenant toujours par la main le petit enfant qu’un jour nous avons été.

Bernard Vollerin

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