Petite friture et gros poissons
(5ème dimanche du Temps Ordinaire, année C, Luc 5, 1-11)
Les marseillais vous diront : « Ce n’est pas comme sur le Vieux Port où tous les matins les pêcheurs vendent leur poisson à la criée : ils déballent, rabattent le client et avant que le soleil ne leur chauffe trop la tête, ils vendent petite friture et gros poissons pris pendant la nuit. Avec leur argent en poche, ils peuvent ensuite aller prendre un bon pastis et faire la sieste ! » Car, en effet, pour Simon et ses amis, c’est tout le contraire : les filets sont vides… et il faut tout de même nourrir les familles.
C’est à ce moment précis qu’intervient Jésus pour aider ces pêcheurs dépités. Il leur redonne espoir et leur montre qu’obéir à sa parole et lui faire confiance remplira leurs filets. Bien qu’à priori il ne connaisse rien à la pêche, Jésus arrive à mobiliser Simon et ses amis, et ils repartent jeter leurs filets en eaux peu profondes pour attraper de la petite friture, comme plus loin des berges, dans le tréfonds du lac, pour prendre de plus gros poissons.
Il en est de même pour nous, le Christ nous engage à aller à la rencontre de notre prochain, que ce soit nos amis ou notre famille tout près de nous, près de la berge, ou bien de ceux qui sont plus loin de nous et qui, comme au fond d’un lac, se sont enfoncés dans les profondeurs de leur misère humaine sans espoir de voir le soleil briller pour eux.
Le naturaliste genevois Charles Bonnet* disait : « Les poissons forment un peuple de muets. » C’est bien vrai et c’est donc à nous de redonner parole à ceux que nous rencontrons. Obéissons à Jésus, faisons lui confiance et jetons nos filets en annonçant autour de nous la Parole du Christ pour pouvoir embrasser tous ceux qui auront répondu à notre appel, et serrer contre nous ceux qui auront été touchés par ce message de paix et d’amour que nous a transmis le Seigneur.
Pêcheurs d’hommes, n’attendez plus ! Jetez vos filets ! Remplissez vos barques et ramenez sur le rivage ceux qui ont besoin d’amour.
Bernard Vollerin
*Charles Bonnet (1720-1793), « Contemplation de la Nature », 1764.
Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (5, 1-11)
Un jour, Jésus se trouvait sur le bord du lac de Génésareth ; la foule se pressait autour de lui pour écouter la parole de Dieu.
Il vit deux barques amarrées au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets.
Jésus monta dans une des barques, qui appartenait à Simon, et lui demanda de s’éloigner un peu du rivage. Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait la foule.
Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez les filets pour prendre du poisson. »
Simon lui répondit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ton ordre, je vais jeter les filets. »
Ils le firent, et ils prirent une telle quantité de poissons que leurs filets se déchiraient.
Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu’elles enfonçaient.
A cette vue, Simon-Pierre tomba aux pieds de Jésus, en disant : « Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur. »
L’effroi, en effet, l’avait saisi, lui et ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient prise ;
et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, ses compagnons. Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. »
Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent.