La fugue
(La Sainte Famille, année C, Luc 2, 41-52)
Jésus fait une fugue qui dure en tout cinq jours. Ce gamin de douze ans fausse compagnie à ses parents, se faufile dans le dédale des ruelles de Jérusalem où il se perd, avant d’être retrouvé au Temple.
Mais qui est finalement cet enfant, apparemment à la tête un peu dure, qui a réussi à les mystifier ainsi ? C’est avant tout un enfant qui traverse « l’âge ingrat ». Vous connaissez très certainement des enfants de cet âge qui, en fait, ce ne sont plus vraiment des enfants, mais sont encore loin de l’âge adulte.
Ce qui surprend dans ce passage de Luc c’est que les parents semblent avoir la mémoire un peu courte… Ils ne se souviennent apparemment plus des circonstances extrêmement troublantes de la naissance de Jésus. Oubliée l’annonce de l’ange à Marie et la rencontre avec Elisabeth ! Oublié tout ce qui s’est passé à la naissance de cet enfant.
Il faut cependant les comprendre, eux qui ont pour fils ce que les juifs appellent un “mamzer”, c’est-à-dire un enfant illégitime au vu des circonstances bien particulières qui ont entouré sa naissance. En dépit de cela, ils le recherchent, comme n’importe quels parents recherchent dans l’angoisse leur petit qui a disparu.
A la lecture de ce texte, une foule de questions viennent à l’esprit : qu’est-ce qui a poussé le jeune Jésus à fuguer ? Et il n’est quand même pas resté cinq jours consécutifs dans le Temple ! Quelqu’un a bien dû prendre soin de lui pendant tout ce temps. Où commence la dimension divine et où s’arrête la dimension humaine de Jésus ou bien les deux restent-elles intimement liées?
Ces questions sont malheureusement sans réponses. Sachant ce qu’il adviendra de Jésus au cours des trois dernières années de son passage sur notre planète Terre, nous devons simplement et humblement faire acte de foi en cet Homme-Dieu, envoyé de Dieu, et qui a bouleversé le monde. La grâce qu’il nous a transmise par sa Parole est de portée infinie. Elle transcende le temps et notre condition humaine. Elle nous donne aussi envie de fuguer à notre tour… pour nous approcher encore plus de Dieu et atteindre une béatitude éternelle.
Bernard Vollerin
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (2, 41-52)
Chaque année, les parents de Jésus allaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque.
Quand il eut douze ans, ils firent le pèlerinage suivant la coutume.
Comme ils s’en retournaient à la fin de la semaine, le jeune Jésus resta à Jérusalem sans que ses parents s’en aperçoivent.
Pensant qu’il était avec leurs compagnons de route, ils firent une journée de chemin avant de le chercher parmi leurs parents et connaissances.
Ne le trouvant pas, ils revinrent à Jérusalem en continuant à le chercher.
C’est au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions,
et tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses.
En le voyant, ses parents furent stupéfaits, et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme nous avons souffert en te cherchant, ton père et moi ! »
Il leur dit : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être. »
Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait.
Il descendit avec eux pour rentrer à Nazareth, et il leur était soumis. Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements.
Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, sous le regard de Dieu et des hommes.