«S’il me manque l’amour, je ne suis rien»
(5ème dimanche de Pâques, année C, Jean 13, 31-33a. 34-35)
Un passage d’évangile court, très court même, mais qui contient tout l’enseignement du Christ. Car nous avons beau lire et relire tous les textes qui nous tombent sous la main au sujet de la vie de Jésus, nous en revenons toujours et immanquablement à l’amour qu’il met au-dessus de tout.
Avant d’aller plus loin, je ne peux bien sûr pas résister au plaisir de partager avec vous quelques passages de la Première Lettre de Saint Paul aux Corinthiens, Chapitre 13, versets 1 à 8a. Passages archi connus, certes, mais qui éclatent toujours dans mon cœur en gerbes multicolores quand je les lis, tellement ils sont de portée universelle :
J’aurais beau parler toutes les langues de la terre et du ciel, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante.
J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, et toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien.
J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien.
L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ;
il ne fait rien de malhonnête ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ;
il ne se réjouit pas de ce qui est mal, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ;
il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout.
L’amour ne passera jamais.
Que rajouter d’autre…? Difficile, car toute la parole du Christ est là. Mais depuis 2000 ans tout ceci a été passé au crible, ressassé et décortiqué par des millions de gens à l’esprit bien compliqué ou bien qui aiment à jouer au jeu de « l’apprenti pharisien » (vous savez : celui qui sait tout, qui est bien considéré et qui aime le montrer !). Avec comme résultat que le simple message d’amour que nous a laissé Jésus est devenu presque inaudible. Il s’est trouvé noyé dans un charabia de prétendus intellectuels, enfoui sous des tonnes de commentaires et d’études bien savantes où chacun essaie de faire dire tant de choses aux mots que même leur auteur en rougirait. Le tintamarre complet, en quelque sorte.
Et c’est sans compter les déviances et les excès que les institutions fondées sur ce message du Christ ont connus. N’entent-on pas dire souvent que l’Église a occulté l’enseignement du Christ ? Long débat. A ce sujet me reviennent à l’esprit les mots écrits récemment par Nicholas D. Kristof*, chroniqueur au « International Herald Tribune », et qui peuvent se traduire ainsi:
« Tous ceux qui souffrent des lèpres de la vie, les prostituées ou bien ceux qui vivent dans des taudis ne verront peut-être jamais un cardinal, mais ils rencontrent chaque jour une Eglise catholique noble et généreuse faite de prêtres, de sœurs et de laïcs qui travaillent dur pour faire la différence. »
Voila, ça c’est faire preuve d’amour.
Bernard Vollerin
*Nicholas D. Kristof, International Herald Tribune, édition du 18 avril 2010
Évangile selon Saint Jean (13, 31-33a. 34-35)
31 Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples, quand Juda fut sorti, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui.
32 Si Dieu est glorifié en lui, Dieu en retour lui donnera sa propre gloire ; et il la lui donnera bientôt.
33a Mes petits enfants, je suis encore avec vous, mais pour peu de temps, et vous me chercherez.
34 Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.
35 Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres. »