Les privilégiés…et les autres
(20ème dimanche du Temps Ordinaire, année A, Matthieu 15, 21-28)
Vous sentez-vous privilégié ? Faites-vous partie de ceux que le Christ est venu sauver ? Si oui, êtes-vous prêts à partager les marques d’amour du Sauveur avec les autres ou ne leur laissez-vous que les quelques miettes dont on nourrit les « petits chiens » ?
Peut-être un peu provocants et durs, les textes de ce jour reprennent un thème que l’on retrouve très souvent dans la Bible : le peuple élu de Dieu et ses soi-disant privilèges face au reste de l’univers. Il est à rapprocher de la fameuse phrase du Christ : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. »
Certains* ont qualifié l’histoire de la cananéenne de « périscope » sur l’universalisme de l’Eglise. D’autres y ont vu le questionnement des juifs face à leur conviction d’être le « peuple élu », et leur rôle de missionnaires universels que leur donne Jésus le jour de la Pentecôte. Difficile en apparence de concilier les deux !
En fait, la porte du Royaume est ouverte et reste ouverte à tous. Il n’y a pas inclusion ou exclusion : l’appel du Christ est universel et s’adresse à tous les peuples. La foi et la persévérance de la cananéenne lui apportent victoire. A nous d’en faire autant.
Bernard Vollerin
* A. Dermience : Ephemerides Theologicae Lovanienses Gembloux, 1982, vol. 58, no1, pp. 25-49
Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 15, 21-28)
21 Jésus s’était retiré vers la région de Tyr et de Sidon.
22 Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires, criait : « Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. »
23 Mais il ne lui répondit rien. Les disciples s’approchèrent pour lui demander : « Donne-lui satisfaction, car elle nous poursuit de ses cris ! »
24 Jésus répondit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël. »
25 Mais elle vint se prosterner devant lui : « Seigneur, viens à mon secours ! »
26 Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens. –
27 C’est vrai, Seigneur, reprit-elle ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. »
28 Jésus répondit : « Femme, ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! » Et, à l’heure même, sa fille fut guérie.