Rejetez-vous les prophètes ?
(4ème dimanche du Temps Ordinaire, année C, Luc 4, 21-30)
Ça fait froid dans le dos ! Et en voyant ce qui arrive à Jésus, il pourrait peut-être nous arriver un peu la même chose, à nous, les relais de Jésus porteurs d’Evangile…
Car reconnaitre et accepter les prophètes, quel que soit leur domaine d’intervention est parfois difficile. Ils tirent très souvent des sonnettes d’alarme et ils dérangent. Ou bien ils voient poindre une embellie dans un monde parfois assez moche, et nous ne les croyons pas. Admettons le : nous ne sommes pas très réceptifs à ceux qui voient ou sentent les choses différemment. À l’évidence, nous sommes affligés de myopie et habités par un scepticisme quasi maladif.
Citons quelques exemples. Ces « prophètes à leur manière », économistes et philosophes qui annonçaient depuis des décennies les dangers d’un capitalisme sauvage et incontrôlé n’ont rencontré que très peu d’écho… et toute la planète en subit les conséquences. De même, pour ceux qui entrevoient sur cette terre un monde meilleur fait de plus de justice, de compassion, de respect, que ce soit pour nos semblables ou la nature qui nous entoure, l’accueil est mitigé, au mieux à peine tiède. Et bien sûr comme je le disais plus haut, c’est sans parler de nous, les chrétiens, porteurs de la Bonne Nouvelle et que bon nombre de gens seraient prêts à jeter par-dessus bord. Car nous sommes souvent perçus comme des gêneurs qui remettent en cause le fond de commerce de tous ces vendeurs de boniments qui agitent les yoyos de la société de consommation devant nos yeux !
Jésus en se frottant un peu trop fort aux prêtres de l’establishment de son époque a subit les effets cuisants de la franchise avec laquelle il communiquait son message. Cependant, comme le dit Luc, « passant au milieu d’eux, (il) allait son chemin. »
C’est ce que nous, les relais de Jésus porteurs d’Evangile, devons faire : allons notre chemin, ne nous soucions pas des critiques ou des ricanements des uns ou des autres. Parfois nous serons rejetés comme Jésus l’a été, mais cela n’entamera ni la foi que nous avons en la Parole du Christ, ni notre détermination à annoncer cette Parole au monde. Dépassons notre dimension humaine, allons à l’essentiel, atteignons les cœurs et les âmes et portons cette Parole d’amour d’un Dieu qui habite en nous comme nous habitons en lui.
Bernard Vollerin
Evangile de Jésus Christ selon Saint Luc (4, 21-30)
Dans la synagogue de Nazareth, après la lecture du livre d’Isaïe, Jésus déclara : « Cette parole de l’Écriture que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. »
Tous lui rendaient témoignage ; et ils s’étonnaient du message de grâce qui sortait de sa bouche. Ils se demandaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? »
Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton : ‘Médecin, guéris-toi toi-même. Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm : fais donc de même ici dans ton pays !’ »
Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète n’est bien accueilli dans son pays.
En toute vérité, je vous le déclare : Au temps du prophète Élie, lorsque la sécheresse et la famine ont sévi pendant trois ans et demi, il y avait beaucoup de veuves en Israël ;
pourtant Élie n’a été envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien à une veuve étrangère, de la ville de Sarepta, dans le pays de Sidon.
Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; pourtant aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman, un Syrien. »
A ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux.
Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où la ville est construite, pour le précipiter en bas.
Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.