Amour sans limite
(3ème dimanche de Pâques, année C, Jean 21, 1-19)
Jésus nous donne aujourd’hui une leçon d’amour. Simple, mais de portée universelle. En sollicitant la réponse de Simon-Pierre par trois fois à la question : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? », il lui rappelle en fait les trois reniements que celui-ci prononça lorsque les prêtres et la foule cherchaient tout bonnement à lyncher les disciples de Jésus. Le Christ, non seulement lui pardonne mais il montre à Pierre qu’il l’aime sans limite. Il va même plus loin, quand il dit à Pierre « Sois le berger de mes agneaux. » Par cette petite phrase, il lui demande qu’à son tour il fasse acte d’amour sans limite et, plus généralement, il nous demande que nous tous prenions soin les uns des autres, de nos familles, de nos amis et de ceux qui nous entourent.
Dans notre société d’aujourd’hui qui galope vers je ne sais où, dans ce monde où la tiédeur des âmes et l’égoïsme de chacun m’étonnent et me font mal, il semble que l’on oublie le fondement essentiel de notre humanité : l’amour. Car par la force des choses, l’amour s’efface tout doucement de nos vies comme s’il était devenu inutile. On pense pouvoir vivre sans lui … Et elle est bien loin cette superbe phrase de Paul Léautaud* : «Aimer, c’est préférer un autre à soi-même.»
Les plus belles pages d’amour qu’ait tournées l’histoire sont celles écrites sur le Christ. « Préférer le Christ à soi-même », pour paraphraser Paul Léautaud, s’est aller au-delà de l’amour et exprimer notre foi en lui. Certains diront : « Mais où trouver le Christ ? Comment le trouver en nous-mêmes, sentir sa présence, son réconfort, sentir la force qu’il peut nous donner ? »
En fait ce Christ d’amour est partout. Il traverse les portes fermées à double tour qui nous isolent du reste du monde et qui nous rendent stériles et sourds aux appels de ceux qui veulent entrer pour recevoir un peu d’amour. Il chemine sur les routes à nos côtés comme il l’a fait sur la route d’Emmaüs. Il est sur la berge des lacs et des rivières d’où il tire tant de poissons d’or à distribuer alentour que nous en sommes éblouis.
En tout temps le Christ est près de nous. Il est la doublure de notre âme. Il ne nous laisse pas sans soutien, comme dans notre vie nous n’abandonnons pas ceux que nous aimons vraiment. Il est l’amour même, un amour sans limite.
Bernard Vollerin
* « Propos d’un jour » de Paul Léautaud (1872-1956), éditions Mercure de France, 1947.
Évangile selon Saint Jean (21, 1-19)
01 Après cela, Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord du lac de Tibériade, et voici comment.
02 Il y avait là Simon-Pierre, avec Thomas (dont le nom signifie : Jumeau), Nathanaël, de Cana en Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres disciples.
03 Simon-Pierre leur dit : « Je m’en vais à la pêche. » Ils lui répondent : « Nous allons avec toi. » Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, ils passèrent la nuit sans rien prendre.
04 Au lever du jour, Jésus était là, sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui.
05 Jésus les appelle : « Les enfants, auriez-vous un peu de poisson ? » Ils lui répondent : « Non. »
06 Il leur dit : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le ramener, tellement il y avait de poisson.
07 Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! » Quand Simon-Pierre l’entendit déclarer que c’était le Seigneur, il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau.
08 Les autres disciples arrivent en barque, tirant le filet plein de poissons ; la terre n’était qu’à une centaine de mètres.
09 En débarquant sur le rivage, ils voient un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain.
10 Jésus leur dit : « Apportez donc de ce poisson que vous venez de prendre. »
11 Simon-Pierre monta dans la barque et amena jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré.
12 Jésus dit alors : « Venez déjeuner. » Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? » Ils savaient que c’était le Seigneur.
13 Jésus s’approche, prend le pain et le leur donne, ainsi que le poisson.
14 C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples.
15 Quand ils eurent déjeuné, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur, je t’aime, tu le sais. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. »
16 Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur, je t’aime, tu le sais. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. »
17 Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, est-ce que tu m’aimes ? » Pierre fut peiné parce que, pour la troisième fois, il lui demandait : « Est-ce que tu m’aimes ? » et il répondit : « Seigneur, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis.
18 Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. »
19 Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Puis il lui dit encore : « Suis-moi. »