Unir le béton et l’acier
(7ème dimanche de Pâques, année C, Jean 17, 20-26)
L’unité des uns et des autres, le mariage intime des pensées et des actes est ici au centre du message de Jésus. « Que tous, ils soient un » nous dit-il. Passage très fort où le Christ nous demande d’aller au-delà de l’amour des uns pour les autres, c’est-à-dire d’être unis pour porter sa Parole en alliant nos diversités.
L’unité nous semble parfois lointaine ou difficile. Pour être forte, cette unité doit souvent réaliser la combinaison de forces et de talents qui peuvent sembler aux antipodes les uns des autres. Prenons l’exemple du béton armé : on allie des barres de fer à du ciment pour obtenir des propriétés mécaniques étonnantes. Car, en effet, si le ciment résiste bien à l’écrasement quand il est seul, il tombe en mille morceaux quand on l’étire ! De son côté, une barre d’acier seule s’écrase quand on la soumet à de fortes pressions, mais cette même barre est extrêmement résistante à l’étirement. Le béton et l’acier sont donc diamétralement opposés quant à leurs propriétés mécaniques. Miracle : lorsqu’on les unit, on obtient du béton armé qui résiste à peu près à tout, à l’écrasement comme à l’étirement. Le mariage est parfait ! Génial, non ?
Il en va de même pour nous : c’est en nous regroupant et en nous unissant entre gens de sensibilités et de talents différents, voire apparemment incompatibles, que nous pouvons accomplir des choses qui paraissent à priori impossibles ou extraordinaires.
En nous disant « Que tous, ils soient un » Jésus nous recommande cette association et cette union… Soyons unis car, pris à part, aucun d’entre nous ne possède toutes les qualités, mais ensemble la palette est riche et c’est étonnant de voir ce qu’un petit groupe très uni arrive à accomplir. Il devient aussi fort que du béton armé !
Cessons donc de nous attarder sur ce qui parait nous diviser, car malheureusement c’est très souvent ce que nous faisons au lieu justement de rechercher les synergies qui peuvent résulter de nos différences. Porter la Parole du Christ aux confins de la terre demande des qualités personnelles, certes, mais aussi ce désir de s’unir aux autres pour mieux faire résonner cette Parole dans le silence de notre monde où les âmes endormies ne prennent plus le temps d’écouter.
Bernard Vollerin
Évangile de Saint Jean 17, 20-26
À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, les yeux levés au ciel, il priait ainsi :
20 Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi.
21 Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé.
22 Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un :
23 moi en eux, et toi en moi. Que leur unité soit parfaite ; ainsi, le monde saura que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé.
24 Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant même la création du monde.
25 Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ils ont reconnu, eux aussi, que tu m’as envoyé.
26 Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître encore, pour qu’ils aient en eux l’amour dont tu m’as aimé, et que moi aussi, je sois en eux. »