Fragilité
(5ème dimanche de Carême, année C, Jean 8, 1-11)
« Où sont-ils donc ? » demande Jésus. Les pharisiens et les scribes, ces accusateurs prêts à condamner cette femme se sont éloignés. Il ne reste qu’elle et Jésus, elle symbolisant la misère, la fragilité et lui la miséricorde. Car Jésus ne la condamne pas, mais l’invite à changer sa vie, c’est-à-dire à se convertir. Il lui ouvre un avenir.
Juger pour condamner… ou bien essayer de pardonner? Nous avons tous oscillé entre ces deux attitudes à un moment ou un autre de notre vie. Dans l’Évangile de saint Jean (8,15) Jésus nous dit : « Vous, vous jugez de façon purement humaine. Moi, je ne juge personne.» Les scribes et les pharisiens, ou certains d’entre nous, ne voient que la Loi. Jésus, lui, voit les personnes et les âmes prêtes au repentir et à la conversion.
« Mais où va-t-on si l’on commence à tout pardonner ! Où est la morale, où est l’ordre établi ?» diront ces fanatiques de la vertu. Ils devraient se souvenir des paroles de La Rochefoucauld* qui disait : « La vertu n’irait pas si loin, si la vanité ne lui tenait pas compagnie. » Et Voltaire** de rajouter : « Quel homme est sans erreur ? Et quel roi sans faiblesse ? »
Car en fin de compte, qui que nous soyons, nous ne sommes pas à l’abri du mal car nous sommes tous fragiles. Rien ne sèche plus vite qu’une larme, dit-on, mais les blessures du péché, elles, brisent le cristal de notre âme. Cette fragilité est humaine, que ce soit celle de cette femme adultère ou la nôtre dans ce monde absurde, matérialiste et sans pardon où nous vivons.
«Le passé est soldé, le présent vous échappe, songez à l’avenir » nous dit fort justement le Duc de Lévis***. Effaçons donc les fautes du passé résultat de cette fragilité humaine et engageons nous sur le chemin de la conversion.
Bernard Vollerin
*Duc de La Rochefoucauld, né à Paris le 15 décembre 1613, décédé à Paris le 17 mars 1680
** Voltaire, né à Paris le 21 Novembre 1694, décédé à Paris le 30 Mai 1778
***Duc de Lévis, Maréchal de France, né à Château d’Ajac, Languedoc en 1720, décédé à Arras en 1787
Evangile selon Saint Jean (8, 1-11)
01 Jésus s’était rendu au mont des Oliviers ;
02 de bon matin, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner.
03 Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en train de commettre l’adultère. Ils la font avancer,
04 et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été prise en flagrant délit d’adultère.
05 Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, qu’en dis-tu ? »
06 Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il traçait des traits sur le sol.
07 Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre. »
08 Et il se baissa de nouveau pour tracer des traits sur le sol.
09 Quant à eux, sur cette réponse, ils s’en allaient l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme en face de lui.
10 Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-il donc ? Alors, personne ne t’a condamnée ? »
11 Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »