Le nez dans le guidon
(2ème dimanche de l’Avent, année C, Luc 3, 1-6)
Celui que tous s’accordent à décrire comme un ermite vivant de manière un peu sauvage, perdu dans le désert, reçoit un appel de Dieu. Jean, le dernier prophète, n’aura de cesse de proclamer un « baptême de conversion » pendant des mois, peut-être des années. En agissant ainsi, il se fait en quelque sorte le relais de Dieu et proclame la venue prochaine du Messie tant attendu : Jésus.
Il faut dire qu’à l’époque, vers l’an 28 de notre ère, les populations en ont plus que marre de la domination romaine, sous la trique de Ponce Pilate qui n’hésite pas à exécuter les gêneurs ou à les emprisonner avant de les offrir en pâture aux lions du cirque. Ce contexte est propice à la création de petites communautés regroupées autour des Ecritures et qui comptent plus sur la venue d’un Messie libérateur que sur une révolte armée vouée immanquablement à l’échec.
Et Jean suit le même chemin. Il est en contact avec tous ces mouvements de « résistance » dirait-on aujourd’hui. L’appel qu’il a reçu et qu’il transmet tout autour de lui redonne espoir à ces communautés et à tous ceux qui se sentent opprimés. Infatigable, il part seul dans le désert puis parcours la vallée du Jourdain et il baptise ceux qui espèrent en ce Messie dont il parle. Il accompli là un formidable travail de préparation, et Jésus bénéficiera, dès le début de son ministère, de l’élan que Jean aura su donner à ces communautés en attente d’un sauveur.
Mais vous, avez-vous reçu un tel appel ? Nous sommes souvent un peu perdus dans nos propres déserts, que ce soit ceux qui nous entourent ou bien nos déserts intérieurs, et les appels de Dieu sont difficiles à entendre. Nous faisons parfois la sourde oreille ou bien ces appels se perdent dans le brouhaha environnant. Car, comme il l’a fait avec Jean, Dieu, sans cesse, nous appelle à l’amour de l’autre, au repentir et à la paix. Il nous demande de nous « convertir », c’est-à-dire de tout changer : notre façon de voir notre prochain, comme notre manière de vivre notre propre vie.
Si les églises se vident c’est bien parce que le monde est devenu sourd à de tels appels de Dieu. Nous fermons les yeux et les oreilles et nous fonçons « le nez dans le guidon », totalement et égoïstement absorbés par nos petites affaires : vouloir « toujours plus, plus vite et…que pour moi » est devenu une sorte d’attitude standard qui envahie la planète. Et bien, en cette période de l’Avent c’est le moment de dire non, de penser à notre rôle au milieu de nos frères et de se préparer à embrasser le message de Jésus qui vient.
Bernard Vollerin
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (3, 1-6)
L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode prince de Galilée, son frère Philippe prince du pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias prince d’Abilène, les grands prêtres étant Anne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, fils de Zacharie.
Il parcourut toute la région du Jourdain ; il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés,
comme il est écrit dans le livre du prophète Isaïe : A travers le désert, une voix crie :Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route.
Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les routes déformées seront aplanies ;
et tout homme verra le salut de Dieu.