Ces loups qui croquent les agneaux
(14ème dimanche du Temps Ordinaire, année C, Luc 10, 1-12. 17-20)
(Texte en polonais, traduction de Joanna S.)
Les disciples de Jésus sont-ils vraiment comme des agneaux au milieu des loups ? En est-il de même pour nous, les ouvriers du Christ, qui essayons de faire résonner sa parole autour de nous ? En fait, et en termes très simples, sommes nous les « bons » et les autres les « méchants » ? Cette description est pour le moins simpliste et si l’on veut opposer un groupe à un autre, nous devrions plutôt parler des « gentils idéalistes » et des « réalistes cyniques » !
La phrase que Jésus prononce face aux soixante douze qu’il désigne pour être envoyés dans les villes et les villages porter la paix, faire le bien et annoncer la venue du Royaume est avant tout là pour frapper les esprits. Par là, il veut prévenir ses envoyés qu’en dépit des apparences la tâche ne sera pas facile et qu’il leur faudra accepter les revers et parfois même les mauvais traitements.
C’est cette même tâche que nous confie le Christ. Il fait de nous les porteurs des idéaux qu’il nous a transmis, mais il nous demande aussi de montrer de la patience, de prendre le temps, d’expliquer encore et encore sa Parole, et de la persévérer dans un environnement parfois sans pitié qui fonctionne sous l’égide des puissants, ceux-là mêmes qui façonnent le monde à leur façon.
Que ce soit au temps du Christ ou de nos jours, notre monde semble bien fonctionner tant que les agneaux restent dociles … et les loups peuvent alors croquer les agneaux à leur guise. Mais où rien ne va plus, c’est justement quand le Christ veut changer ce fameux « système » et lorsqu’en nous envoyant prêcher la paix, l’amour et le partage il fait de nous des rebelles et des empêcheurs de tourner en rond. La chose n’était pas très bien prisée du temps du Christ et il en est de même de nos jours, bien que nous nous trouvions parfois dans des situations en demi-teinte où, à défaut du cœur, la raison prend le pas sur la force. En fait, une sorte de « compromis » qui débouche finalement sur une philosophie altermondialiste comme le décrit Pascal Cauquais*.
Nous, envoyés du Christ, ne craignons pas ! Allons au devant des loups de notre temps pour leur faire comprendre que le monde du « chacun pour soi », de la brutalité et du matérialisme sans limite n’a pas d’avenir. Car, au-delà de la raison, le cœur seul permet de réaliser de belles choses. Il apporte la paix et surtout il honore notre condition d’enfants de Dieu.
Bernard Vollerin
*Pascal Cauquais, Professeur de philosophie : « Petite philosophie pour le loup et l’agneau », Éditions Milan, 2004
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (Luc 10, 1-12. 17-20)
01 Après cela, le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux devant lui dans toutes les villes et localités où lui-même devait aller. 02 Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson.
03 Allez ! Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups.
04 N’emportez ni argent, ni sac, ni sandales, et ne vous attardez pas en salutations sur la route.
05 Dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : ‘Paix à cette maison.’
06 S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous.
07 Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous servira ; car le travailleur mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison.
08 Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qu’on vous offrira.
09 Là, guérissez les malades, et dites aux habitants : ‘Le règne de Dieu est tout proche de vous.’
10 Mais dans toute ville où vous entrerez et où vous ne serez pas accueillis, sortez sur les places et dites :
11 ‘Même la poussière de votre ville, collée à nos pieds, nous la secouons pour vous la laisser. Pourtant sachez-le : le règne de Dieu est tout proche.’
12 Je vous le déclare : au jour du Jugement, Sodome sera traitée moins sévèrement que cette ville.
17 Les soixante-douze disciples revinrent tout joyeux. Ils racontaient : « Seigneur, même les esprits mauvais nous sont soumis en ton nom. »
18 Jésus leur dit : « Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair.
19 Vous, je vous ai donné pouvoir d’écraser serpents et scorpions, et pouvoir sur toute la puissance de l’Ennemi ; et rien ne pourra vous faire du mal.
20 Cependant, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux. »