Celui qui tire la charrue
(13ème dimanche du Temps Ordinaire, année C, Luc 9, 51-62)
Le laboureur empoigne le manche de la charrue, plante son soc dans le champ et voit le versoir mettre à jour une terre fertile où il pourra semer le grain. Nous sommes, en fait, tous des laboureurs et Jésus nous appelle à le suivre. Il tire pour nous notre charrue. Tendu vers l’avant, il nous fait ouvrir la terre comme nous ouvrons le cœur des hommes pour qu’ils reçoivent sa parole.
Si Jésus nous demande de ne pas regarder derrière nous c’est pour que le sillon soit tracé bien droit. Notre mission demande de l’attention et il nous faut, comme lui, nous concentrer sur ce qui est devant nous, sur notre devenir, et non sur le passé. Et si par malchance nous trébuchons, il est là pour nous relever, car nous sommes un peu comme un coureur de haies qui ne doit pas relâcher son effort, même s’il renverse l’une des haies qu’il doit franchir.
Cet appel à le suivre, s’il est pour nous très fort, ne s’impose pas. Jésus nous laisse le libre choix tout en nous prévenant que le travail sera rude, que la terre ne se laisse pas labourer facilement et que nous serons loin du confort que peuvent nous donner un foyer, une famille ou des amis. Il nous demande en fait de définir nos priorités et de rejeter tous ces glinglins et ces fausses idoles qui encombrent nos vies. Habiter avec Jésus le chemin qui mène toujours plus loin, en fait, c’est vivre l’Évangile en étant à sa suite et pouvoir revêtir à notre tour le manteau du prophète.
Oui, le Christ nous laisse la liberté de choisir quelle vie nous voulons mener et si nous désirons le suivre ou non.
A mes yeux le choix est clair : je marcherai dans le sillon que j’aurai creusé avec son aide, en semant sa parole au fur et à mesure que j’avancerai en suivant ses pas. Comme cet homme de l’Évangile qui avoue avec ferveur « Je te suivrai partout où tu iras », à mon tour je suivrai le Christ en guidant la charrue qu’il m’a donnée et qu’il tire pour moi. Je pourrai alors admirer le reflet de son image sur ce versoir d’acier qui sans cesse plonge dans la terre pour ouvrir le cœur des hommes.
Bernard
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (Luc 9, 51-62)
51 Comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem.
52 Il envoya des messagers devant lui ; ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue.
53 Mais on refusa de le recevoir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem.
54 Devant ce refus, les disciples Jacques et Jean intervinrent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions que le feu tombe du ciel pour les détruire ? »
55 Mais Jésus se retourna et les interpella vivement.
56 Et ils partirent pour un autre village.
57 En cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras. »
58 Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. »
59 Il dit à un autre : « Suis-moi. » L’homme répondit : « Permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. »
60 Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, va annoncer le règne de Dieu. »
61 Un autre encore lui dit : « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison. »
62 Jésus lui répondit : « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu. »